Lors des soirées de projections de mon film « Chemins de Vie, Marcher vers son Essentiel », on me demande souvent pourquoi j’ai décidé de marcher sur le Chemin de Compostelle. Il y a plusieurs raisons à cela : un gros ras-le-bol du métro-boulot-dodo, un besoin de me reconnecter à mon essence, à mon sens, à mon Essentiel. Un désir de retour à la simplicité.

Et en dessous de tout ça, il y avait une motivation spirituelle. J’attendais que cette expérience m’amène une meilleure compréhension de Qui je suis, de l’Univers, du mystère de la Vie.

J’avais envie de spiritualité et je me suis retrouvée confrontée à … la matérialité, la densité. Dès les premiers kilomètres, j’ai eu mal aux pieds et mal au dos. Je me suis perdue dans une forêt alors que la nuit commençait à tomber. Je me suis fait attaquer par trois chiens errants. J’ai fait de l’auto-stop au bord d’une nationale car je n’en pouvais plus de marcher sous la pluie. J’ai été réveillée en pleine nuit par un ronfleur dans un dortoir et j’ai décidé de quitter l’auberge pour marcher dans la nuit. J’ai passé une journée à marcher sans manger car j’étais mal organisée et que les magasins étaient fermés le dimanche. Et surtout, j’ai fait face à un flot de pensées et d’émotions pas toujours agréables alors que je marchais seule. Je me suis demandée si j’allais continuer, ce que je faisais là. Je me suis sentie faible, vulnérable.

Et je crois que c’est ça la leçon du Chemin au final : apprendre à accepter ma condition d’être humain limité. C’est en acceptant d’être faible qu’on devient fort; c’est en faisant face à son ombre qu’on laisse entrer la lumière. La souffrance nous confronte à nos profondeurs, à notre essence. 

Et si la spiritualité se situait au cœur de la matérialité ?