De août à décembre 2017, j’ai marché de Strasbourg jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle en Espagne après avoir quitté mon appartement et mon travail dans le secteur bancaire à Paris.

On me demande souvent si j’ai eu peur de partir marcher seule en sac à dos sur le Chemin de Compostelle. Je vous réponds dans cet article.

Le risque de se faire agresser sur le Chemin 

Lors de soirées de projection de mon film, plusieurs personnes (plutôt des femmes) m’ont fait part du fait qu’elles avaient peur de partir marcher en solitaire, traverser des forêts seules, etc. Certaines m’ont demandée ce qui pourrait les aider à avoir moins peur. J’aime leur répondre que pour moi, le risque de se faire agresser est plus important à la sortie d’un bar dans une ville à 23h que sur le Chemin. J’ai tendance à penser que les agresseurs potentiels sont davantage présents dans les villes que dans les forêts, ou sur le Chemin de Compostelle de façon générale. D’ailleurs, le plus souvent, ils font déjà partie de notre entourage (dans le cas du viol par exemple, l’agresseur faisait partie de l’entourage de la victime dans 80% des cas). Tout cela est très rationnel. Ce que je peux dire c’est que je me suis sentie particulièrement en sécurité quand j’ai marché.

Au moment où j’ai décidé de partir marcher, je voyais le Chemin comme la bouffée d’oxygène dont j’avais besoin : je me voyais traverser des forêts et des beaux paysages, prendre le soleil, faire de l’exercice physique, rencontrer des personnes intéressantes. Le risque était plus important si je restais dans l’engrenage métro-boulot-dodo; j’aurais peut-être fini par faire un burn-out si je n’étais pas partie. Beaucoup de personnes s’inquiétaient que je parte marcher seule : j’étais étonnée qu’ils ne se soient pas inquiétés quand je travaillais d’arrache-pied (car c’est là que je risquais le plus pour ma santé).   

 Je n’ai pas eu peur avant… Mais j’ai eu peur pendant !

Je n’ai certes pas eu peur avant de partir marcher mais j’ai eu peur pendant. Je l’ai raconté à peu de gens mais j’ai été « attaquée » par des chiens errants quand je marchais sur le Chemin

J’entrais dans un tout petit village et j’ai vu trois grands chiens aboyer et courir droit sur moi. Je sentais dans leur aboiement qu’il n’étaient pas là pour jouer. A l’instant où je les vois arriver, je sais que j’ai le choix entre partir en courant et rester immobile. Je me souviens qu’une personne de mon entourage, qui a beaucoup marché, m’avait dit de ne pas bouger si je me sentais menacée par des chiens. Mon cœur bat à 100 à l’heure, le temps est comme suspendu, et en même temps tout se passe très rapidement, j’ai tout juste le temps de mettre mon sac à dos devant mes genoux pour me protéger les jambes et un peu comme bouclier (car je suis en short à ce moment-là) et je les attends, immobile. Je suis tétanisée par la peur mais je fais le pari de ne rien faire, de ne pas bouger. Quand ils arrivent à ma hauteur, ils grognent et me reniflent en me tournant autour. Je sens leur souffle contre mes jambes, je sens qu’ils sont prêts à attaquer si je fais le moindre geste. Je regarde droit devant moi et je fais une sorte de « prière » en m’adressant à « l’Univers » ou mon « ange gardien » (peu importe le nom qu’on donne) en disant intérieurement : « Univers, si ce que je dois vivre, c’est d’être mordue par des chiens, j’accepte mais je préfère ne pas passer par là ». J’essaie de me concentrer sur ma respiration pour me calmer. Un chien s’en va au bout de quelques minutes. Puis le deuxième le suit. Puis enfin, le troisième au bout de 5 mn, qui paraîtront une éternité. J’attends qu’ils soient loin de moi pour remettre mon sac sur mon dos et continuer ma route.

Moi qui était fatiguée juste avant, ils m’auront réveillée, je sens une dose d’adrénaline hyper élevée. Puis je me sens traversée par un élan énorme de gratitude : ils ne m’ont pas mordue, je suis saine et sauve. Je mettrais au moins 30 minutes à redescendre à mon battement de cœur habituel. 

Que fait-on de ce qui nous arrive ? 

« Nous pouvons laisser les circonstances de nos vies nous endurcir et nous rendre encore plus inquiets ou nous pouvons les laisser nous adoucir. Tu as toujours le choix. » Le Dalaï Lama

Je crois que nous ne choisissons pas les situations qui nous arrivent mais nous pouvons choisir le regard que nous portons sur les évènements. Nous pouvons les utiliser comme des excuses pour ne plus sortir de chez nous. Ou nous pouvons les utiliser pour nous renforcer et nous rendre encore plus vivants.

Lorsque cette attaque de chiens m’est arrivée, c’était près de Rocamadour en France, il me restait encore environ 1100 km de marche. Même si j’ai failli me faire mordre lors de cette « attaque », je retiens surtout qu’au final, ils m’ont laissée tranquille. Je m’en suis sortie sans égratignure. J’ai eu beaucoup moins peur des chiens après ça.

La peur n’évite pas le danger 

La peur nous protège quand nous sommes en danger dans l’instant (elle nous indique qu’il faut courir par exemple), mais elle ne nous permet pas d’éviter le danger.

On ne va pas se mentir. Le danger est partout. Même en restant chez soi, nous pouvons développer un cancer ou une autre maladie, se faire cambrioler, etc. Nous pouvons dépenser énormément d’énergie à essayer de se prémunir d’un danger, mais nous ne pourrons pas éviter tous les dangers.

Comme le danger est partout et que notre vie est limitée dans le temps, autant faire ce qui nous donne vraiment envie, ce qui nous faire nous sentir vivants. Qu’en pensez-vous ?

« La peur n’empêche pas la mort, elle empêche la vie » Naguib Mahfouz

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