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La cérémonie chamanique est une expérience profonde et potentiellement transformatrice.
En 2015, au Pérou, j’ai vécu une cérémonie avec l’Ayahuasca (j’en parle dans ce premier article). C’était la nuit la plus magnifique et aussi la plus terrifiante de toute ma vie. J’ai mis des mois à m’en remettre, car je ne m’y suis pas suffisamment préparée.
Puis en 2023, j’ai vécu une cérémonie avec du San Pedro en Équateur (un cauchemar !) et d’autres cérémonies avec l’ayahuasca par la suite (très belles cette fois).
Voici 7 conseils pour vous aider à préparer votre cérémonie chamanique.

points de couleur ocre

Soyez conscients des risques

Je n’écris pas ça pour vous dissuader de vous lancer. Mais plutôt pour vous avertir que ces cérémonies présentent des risques, notamment psychiques. Mais ces risques sont fortement réduits si on se prépare bien en amont. C’est comme faire de la plongée sous-marine. Si on a le bon matériel, et qu’on a étudié les conditions météorologiques, ça se passe bien dans la grande majorité des cas.
Si j’ai vu des personnes bénéficier des cérémonies chamaniques, j’en ai vu d’autres se retrouver chamboulées et perdues après une cérémonie.
J’ai rencontré une femme qui a eu des crises de panique à répétition suite à une cérémonie. Elle avait une fragilité psychique qui a été accentuée par l’expérience avec la plante. Elle a passé des mois dans le noir, dans son canapé (elle était ultra-sensible à la lumière, au bruit).
La cérémonie chamanique n’est pas là pour nous faire passer un beau moment. En général, elle nous confronte à nos peurs et à nos traumatismes. Parfois, on croit qu’on est prêt à visiter ses ombres, alors qu’au fond, on ne l’est pas.
D’où l’importance d’être honnête avec soi sur comment on se sent et qu’elle est notre intention (je développe cela dans le 4ᵉ paragraphe)

Écoutez votre instinct et ne vous précipitez pas

Si vous vous sentez vraiment appelés par une cérémonie, alors allez-y. Sinon, non. Ne forcez rien surtout. Ne vous faites pas influencer par ceux qui diront qu’il faut absolument l’expérimenter, « pour guérir de ses traumatismes ».
Avant de décider d’aller à une cérémonie, j’envoie une sorte de message à la vie pour lui demander un signe. Je laisse les opportunités venir à moi.
En 2023, arrivée en Équateur, j’ai eu l’appel de faire une cérémonie avec le San Pedro. Cette fois-ci, j’ai fait l’erreur de me précipiter en choisissant le premier chaman dont on m’a parlé, par peur de ne pas avoir d’autres occasions. Je l’ai regretté, car ça ne s’est pas déroulé de façon sécurisée. J’en parle dans mon livre Enseignements de la montagne et dans cette interview sur YouTube, par Mai-Lan Ripoche.

Choisissez un chamane en qui vous avez confiance

Choisir un / une chamane en qui on a confiance, est fondamental. Souvent, n’avoir reçu qu’un seul avis d’un ami sur ce chaman ne suffit pas. Et ce n’est pas parce que le chaman est un natif réputé que vous allez vous sentir en sécurité.
Ce qui peut paraître anodin dans le quotidien (comme le fait de ressentir un léger malaise) peut nous provoquer une crise de panique lors d’une cérémonie. Prendre une plante, c’est se rendre vulnérable. On entre dans un monde dans lequel on côtoie l’ombre et la lumière. On peut tomber d’un côté ou de l’autre en un instant.
Le psychologue américain Timothy Leary décrit deux facteurs qui jouent un rôle crucial dans une expérience psychédélique : l’environnement dans lequel se déroule l’expérience et notre état d’esprit. Dans l’environnement, il inclut la confiance dans le chaman et dans le groupe, le lieu, l’ambiance, la musique.
Lors de ma 2ᵉ cérémonie d’ayahuasca en Équateur, j’avais une grande confiance en la chamane. Je ressentais aussi beaucoup d’affection pour chacune des femmes du groupe. Cela a été un pilier fondamental pour la libération émotionnelle que j’ai vécue.

Préparez votre esprit et votre corps

Timothy Leary considère aussi que notre état d’esprit joue un rôle fondamental dans le déroulement d’une cérémonie. Dans notre état d’esprit, il y a notre état émotionnel, notre ressenti par rapport à la cérémonie, notre intention et notre santé physique. Il s’agit de se demander :

Quelle est mon intention pour cette cérémonie (connexion à la nature, guérison d’un événement du passé, etc.) ? Est-ce que je me sens suffisamment stable psychologiquement pour y aller ? Ai-je confiance dans le fait que je dois faire cette cérémonie à ce moment précis de ma vie ? Ou ai-je des doutes ?

Nos réponses influenceront la façon dont se déroulera la cérémonie. Si vous avez des peurs, n’hésitez pas à les communiquer au chaman et au groupe avant que la cérémonie démarre.
Allez-y en connaissant votre intention, mais avec un esprit ouvert, sans attente précise de comment se passera la cérémonie.

Aussi, avant la prise de certaines plantes comme l’ayahucasa, une préparation physique est nécessaire. Il y a diète d’environ une semaine (ou plus) à faire, sans café, ni alcool, ni viande rouge, ni sucre, ni excès de sel et sans rapports sexuels.
J’ajouterais que la dose doit être adaptée. On ne peut pas donner la même quantité d’ayahuasca ou de san pedro à quelqu’un qui pèse 50 kg ou quelqu’un en pèse 100. C’est la dose d’un aliment, d’une plante, d’une expérience qui en fait un poison ou un remède.

Ne résistez pas, détendez-vous au cœur du chaos

Lors d’une cérémonie chamanique, il est fréquent d’avoir à traverser des moments très difficiles, voire terrifiants. J’ai le souvenir d’une cérémonie dans laquelle, d’un coup, tout s’écroule. Je me vois au bord d’un précipice, sur le point de vaciller d’une seconde à l’autre. Mon cœur se met à battre frénétiquement, ma tête tourne. Je n’arrive plus à penser, je ne sais plus qui je suis. Je résiste, je souhaite que tout cela s’arrête. Plus je résiste, plus l’expérience s’intensifie et me plonge davantage dans le chaos. C’est alors que je me rappelle ce que la chamane m’avait dit juste avant la cérémonie : « La plante a besoin de ta confiance et de ta tranquillité. »
J’essaie de me détendre en respirant profondément par le nez. Et je me rappelle que l’expérience va s’arrêter à un moment, au bout de quelques heures. Tout ce qui se présente finira par passer.
Une participante m’avait dit juste avant ma 3ᵉ cérémonie :

« Si ça remue autour de toi, va dans le cœur de ce que tu es, dans ce qu’il y a d’immuable. Ça, tu ne le perdras jamais. Tu ne peux pas perdre ce qu’il y a de vrai en toi. Tu es plus vaste que la peur. »

Soyez accompagnés après la cérémonie chamanique

Il est crucial de se faire accompagner après une cérémonie chamanique, afin que les prises de conscience permises par l’expérience puissent s’intégrer dans le quotidien et être durablement utiles.
Quelques jours après ma première cérémonie d’ayahuasca, j’étais retournée à Paris. Assise dans le métro, puis devant des tableurs Excel sur mon ordinateur, je m’observais d’en haut, comme si j’étais à côté de mon corps. J’ai eu beaucoup de mal à reprendre pied après cette expérience. Et comme personne de mon entourage n’avait fait de cérémonies, je me sentais très seule, je n’avais personne à qui en parler. J’avais l’impression que cette cérémonie avait été un rêve.
Si vous en avez la possibilité, restez quelques jours de plus sur le lieu de la cérémonie chamanique et échangez avec les autres participants et la / le chamane.
Il me semble fondamental d’avoir quelqu’un (ami neutre et bienveillant, thérapeute, psychologue) à qui parler de l’expérience.
Aussi, écrire sur la cérémonie, peut aider à l’intégrer.

Vous pouvez, par exemple noter les grandes prises de conscience et les petites actions qui en découlent, à mettre en place dans les semaines qui suivent.

Sachez quand arrêter les cérémonies chamaniques

Les cérémonies chamaniques peuvent nous aider dans notre compréhension du monde et de nous-même. Certaines personnes n’auront jamais d’expériences, ça ne fait pas partie de leur chemin. Pour d’autres, une seule expérimentation peut changer leur vie. D’autres en font toutes les semaines et ont du mal à s’arrêter.
Les cérémonies m’ont aidée à me reconnecter à la grâce et m’ont montré des espaces en moi dont je n’avais pas conscience. Mais je ne peux intégrer qu’un certain nombre d’informations. Comme mon estomac avec la quantité d’aliments qu’il peut digérer. Si je mange plus que mes capacités, je me rends malade. Accumuler des cérémonies n’a pas de sens si je ne prends pas le temps de les digérer et de les intégrer à mon quotidien.
Lors de la dernière cérémonie que j’ai faite en Équateur, j’ai senti que je commençais à saturer. Et qu’il était temps d’essayer d’intégrer les enseignements dans ma vie avant de rencontrer une plante à nouveau.

Je vous souhaite une merveilleuse cérémonie chamanique.

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Après avoir vécu des événements difficiles en 2022, je vends mes meubles, quitte mon appartement parisien et m’installe dans une cabane au cœur des Andes équatoriennes, à 2 000 mètres d’altitude. L’objectif de ce périple ? Me connecter à la nature et tester les méthodes de guérison alternatives pour me retrouver : méditation, cérémonies avec des plantes sacrées (ayahuasca, San Pedro), chants de mantra, etc.

C’est alors qu’une quête spirituelle profonde et transformatrice s’impose à moi.

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