En avril 2021, j’ai décidé de réaliser un vieux rêve qui me tenait à coeur : aller faire de la plongée sous-marine aux Îles Galapagos en Equateur. Avec la situation actuelle, j’ai senti qu’il ne fallait plus que j’attende avant de réaliser les envies qui me tenait à coeur. A force d’entendre parler de nombre de morts, j’ai senti que peut-être qu’un jour, il sera trop tard. Je vous livre la prise de conscience ce que cette exploration des fonds marins m’a enseignée. 

Ce que j’ai compris dans le regard de cette tortue

Les premiers jours de mon arrivée sur l’Île de San Cristobal, j’avais du mal à réaliser la beauté de ce qui m’entourait. ⁣C’était magnifique, fou, mais ça restait une idée mentale. ⁣

C’est comme si, en faisant 10 000 km si rapidement, mon corps n’avait pas eu le temps de se rapatrier complètement ici. ⁣

La première fois que j’ai pénétré dans l’océan en snorkeling (avec masque et tuba) et que je me suis retrouvée face à une tortue de mer, j’ai eu comme premier réflexe d’appuyer sur le bouton « enregistrer » de ma gopro (caméra sous marine). ⁣⁣Je ne la regardais pas dans les yeux, j’observais dans l’écran de ma caméra si l’angle était bon. Je pensais à ma prochaine vidéo.  ⁣⁣

Et là, j’ai vu dans son regard comme le reflet que quelque chose n’allait pas. ⁣⁣Elle avait ce regard blasé un peu en mode : « Pffff, encore une humaine qui a envie de poster une photo sur Instagram ». ⁣⁣

J’avais cherché à capter ce moment avant de le vivre. ⁣⁣

J’avais cherché à la capturer plutôt qu’à la sentir. ⁣⁣

J’ai vu en moi une touriste des océans. ⁣⁣

⁣⁣Le lendemain, j’en ai parlé avec une amie, grande amoureuse des océans, qui m’a dit ces paroles de sagesse : ⁣⁣

Lorsque tu pénètres dans le grand bleu, demande toujours la permission avant. ⁣Et vas-y avec tout ton amour. ⁣⁣

Demande-toi ce que tu as à apporter plutôt qu’à prendre. ⁣⁣Bénis cet océan de ta présence. ⁣⁣

Et tu vivras une toute autre expérience . ⁣⁣

⁣Vous est-il déjà arrivé de prendre un endroit en photo avant même de l’avoir contemplé / senti? ⁣

Et vous est-il déjà arrivé d’aimer tellement un endroit / un moment que vous ne pouviez pas vous couper de cette joie et sortir votre appareil photo ?

Sentir l’océan

Au bout de 3-4 jours, j’ai enfin ressenti dans mon corps ce que ce lieu avait à m’offrir. ⁣

Je suis allée faire du snorkeling comme à mon habitude. Et là, il y a eu 5 otaries qui jouaient tout autour de moi. Comme pour me dire : « allez détend toi ». ⁣Je suis sortie de l’eau et je me suis posée face à l’océan. ⁣

Et là, j’ai littéralement pleuré de joie. Ça venait de mes trippes. ⁣J’ai senti l’océan. ⁣

Je ne me disais plus : “c’est beau”. ⁣Je le vivais. Enfin. ⁣J’étais comme accueillie dans ses bras. ⁣J’ai senti pourquoi, malgré tous les obstacles qui s’étaient présentés sur mon chemin, il fallait que je vienne ici sur ces îles, au milieu de l’océan pacifique. Comme pour retrouver un espace de paix dans ce monde chaotique.

« Le remède à tous les maux est l’eau salée: la sueur, les larmes ou la mer »⁣ Karen Blixen

Quand l’inconfort physique et mental en plongée te coupe de la joie

Je le répète, ce qui m’a amenée aux Galápagos, ce sont les fonds marins. ⁣J’avais envie de me remettre à la plongée sous-marine, que j’ai beaucoup pratiqué il y a 6 ans.

J’ai fait ma première série de 2 plongées sur l’Île de San Cristobal, sur le site de plongée Leon Dormido réputé comme étant un des meilleurs site des Îles accessibles, hors croisières. Lorsque je suis allée essayer mon matériel, j’ai aperçu deux jeunes hommes revenir de leur plongée en s’exclamant : « l’objectif est atteint, on a vu du gros ». Je leur ai demandé ce qu’ils entendaient par voir « du gros » et ils m’ont répondu ; « les requins marteau, pardi, c’est le graal, il y en avait 15 ».

Bien sûr, j’ai observé la part de moi qui avait envie, elle aussi, de « voir du gros ». 

Au moment de se mettre à l’eau, j’ai vite compris que malgré mes 80 plongées dans des conditions idéales en Indonésie ou en Egypte, plonger aux Galapagos allait être difficile. D’une part du fait de la température de l’eau assez basse, mais aussi du fait du courant. Et je souffrais de mal de mer. 

J’ai failli faire une crise de panique lors des premières minutes sous l’eau. Je regardais en haut,en bas : que du bleu. Je n’étais plus celle que j’étais il y a 6 ans pour qui tout cela paraissait naturel. Être sous l’eau à 20 mètres, s’avérait extrêmement angoissant. Cela a été une très bonne occasion de mettre en pratique les techniques de respiration que j’avais pu acquérir pour calmer mon anxiété au quotidien : respirer profondément par le ventre, ne pas croire les pensées qui me racontent que je suis en danger. J’ai saisi la main de l’instructeur, ça m’a aidée. 

On a vu plusieurs requins, des requins des Galapagos mais aussi un requins marteau. 

Mais la joie n’était pas au rendez-vous car l’angoisse et l’inconfort prenaient le dessus. 

Quand le désir de voir de belles choses te coupe du moment présent

Plus tard, j’ai tenté une nouvelle série de deux plongées en partant de l’Île de Santa Cruz sur le site de North Seymour, un site très réputé également. ⁣⁣Je me suis dit qu’après ma première expérience, j’e serais déjà plus à l’aise. Je dois aussi préciser que plonger aux Galapagos coûte cher (environ 180 dollars les deux plongées) ce qui a modéré mes tentatives de plongées. Et ce qu’on peut voir en snorkeling est déjà magnifique. 

Juste avant de se mettre à l’eau, un membre de l’équipe a lavé mon masque au produit vaisselle. Il y avait beaucoup de vagues, il fallait descendre vite, là où tout est plus calme. De l’eau est rentrée dans mon masque et je me suis retrouvée les yeux inondés de produit vaisselle à -5 mètres. Moi qui ait les yeux très sensibles, j’ai paniqué. J’ai pris de profondes inspirations et j’ai réussi à me calmer. ⁣⁣

On a navigué pendant 40 mn dans une eau trouble avec très peu de visibilité sans rien apercevoir de particulièrement beau. ⁣⁣La deuxième plongée fut tout aussi décevante. 

En remontant sur le bateau, j’ai été prise par une vague de désespoir. J’avais envie de voir « de belles choses » et j’étais déçue. ⁣⁣

Puis j’ai entendu ce murmure de l’océan :⁣⁣

« Arrête d’attendre qu’une beauté extérieure vienne te combler intérieurement. Retourne en toi, c’est là où tout commence ». ⁣⁣

Allongée sur le banc du bateau, prise par un violent mal de mer, j’ai fermé les yeux, et je me suis dit : j’accepte d’en être là, la plongée dans ces conditions ne me convient pas mais je ressens la puissance de l’océan et c’est ça qui compte. ⁣⁣

Et là, j’entends quelqu’un crier « dolphins ! », je me lève et j’observe le spectacle de 20 dauphins sautant, dansant tout autour du bateau. ⁣⁣Le mal de mer m’a quittée instantanément, pour laisser place à des larmes de joie. Juste pour ça, ça valait le coup de venir. ⁣⁣

Je n’étais pas comblée par leur beauté, j’étais comblée de les voir se manifester ici et maintenant, légers, joyeux, comme une réponse à une posture intérieure.

Est-ce que ça te parle ?  

Remerciements

Un GRAND merci à Aline de l’agence Sharksky qui m’a donnée de très bons conseils lors de mon séjour sur ces Îles, notamment celle de San Cristobal. 
Immense merci aussi à Claire, qui se reconnaîtra qui m’a encouragée à venir et m’a aidée dans mes démarches.
Et enfin à Jess, un pilier sur l’Île d’Isabela.

Aline, Claire et Jess gèrent le groupe facebook Les Français aux Galapagos.