« Tu es une éternelle insatisfaite »
Une amie m’a dit ça récemment et ça m’a fait réfléchir…
Elle disait ça en référence au fait que je me suis réorientée, que j’ai beaucoup voyagé ces dernières années, réalisé certains rêves, et que pourtant, aujourd’hui, je n’arrive pas à m’estimer satisfaite. J’ai toujours d’autres idées, d’autres envies qui émergent. Je n’arrive pas à me poser et dire : ça y est, c’est bon. Pourtant, je me sens tellement plus alignée et vivante aujourd’hui qu’il y a plusieurs années.
La remarque de cette amie m’a amenée à me poser la question suivante. Y aura-t-il un jour où je pourrais dire « ça y est, c’est bon, je suis satisfaite, je peux me reposer maintenant » ? Et au delà de ça, est-ce désirable, est-ce « désiré » par « la Vie » ?
A chaque fois que je me suis réorientée, que je suis sortie d’un système (ex : la finance), je suis entrée dans un nouveau système (ex : la psychologie), qui assez rapidement, est devenu enfermant également.
C’est comme si je passais d’une couche d’oignon à une autre du cœur vers l’extérieur, et que chaque nouvelle couche devenait enfermante et me poussait à aller explorer la couche d’après.
Je suis en quête d’une liberté et d’un repos qui n’arrive jamais de façon permanente.
Et si cela était lié au fait la Vie, l’Univers, « Dieu » ne « voulait » pas que nous nous reposions, mais que nous évoluons ?
La vie étant impermanente, rien ne peut être satisfaisant de façon permanente. Cela expliquerait que des embûches se présentent régulièrement sur notre Chemin.
Cela expliquerait aussi notre insatisfaction chronique, que je ne suis pas la seule à ressentir.
Et comme la vie est pleine de paradoxes, je ressens aussi une profonde satisfaction par moments, la satisfaction de la quête, celle d’être en en Chemin.
Même si il n’y a rien de permanent,et que l’équilibre est sans cesse à recréer, je peux décider d’être dans la gratitude de la réalité que je vis à cet instant et du chemin parcouru jusque là ✨.
Et toi, es-tu un.e éternel.le insatisfait.e ?
—-
Pour précommander la version longue de mon film « Chemins de Vie, Marcher vers son Essentiel » (interviews de pèlerins sur le Chemin, à qui je demande pourquoi ils marchent et ce que ça leur apporte) et accéder à la version actuelle dès maintenant, c’est ici.
TENTATIVE DE REPONSE à Pauline, ou étape nécessaire pour se convaincre de l’opportunité du Chemin !
D’abord, merci pour le film (projection en ligne du 10.01). J’aurais volontiers parlé, on a tous sa propre expérience qui mérite d’être partagée. Mais voilà, un peu trop de pudeur, la famille derrière, le besoin de garder encore ce projet pour moi qui miroite déjà comme une réalité palpable, prochaine (plus facile d’en parler à 30 inconnus déjà sur la même longueur d’onde qu’aux siens). Il m’est apparu assez clairement qu’un départ de St Jean Pied de Port fin octobre serait jouable (fin de mon vieux parcours du GR10, enchainement sur le Camino Francès pour 35 jours d’automne finissant; bref, le timing idéal, sur un creux professionnel et saisonnier). De plus, je crois que tu as traversé l’Espagne à cette période… Doute principal : être un peu plus seul (je n’en ai pas vraiment envie). Or j’aurais moult destinations de trek à ma portée, à l’exotisme garanti, mais pourtant, une seule et même destination à la mesure de mon besoin de cheminement : Compostelle. Parce que ce sont d’abord des rencontres, des échanges, ne serait-ce que 10-20 pèlerins / jour en basse saison. Et j’ai le goût de m’extraire un peu du mouvement touristique (je suis dans le tourisme de montagne, je gère, j’organise, je suis plein de projets jetés aux 4 vents). Je ne fantasme pas du tout le but d’ailleurs, davantage le chemin, les étapes et leur laborieuse litanie. Je l’avais rapidement compris lors d’un lointain tour d’Asie (se souvenir de quoi l’on est capable, carapace d’exploits parés de soie !)
Insolite : un des cadeau de Noël fut dévoré : la traversée du PCT (Pacific Crest Trail) par un français rongé par la déprime. J’ai adoré ses 5 mois d’aventure pure, mais l’ambiance du vagabondage à la sauce « très » américaine ne semble pas la plus appropriée (très dur, ravito en stop, motels et pénuries). Je préfère la proximité Pyrénéenne (suis entre Aude-Ariège), revigoré par de fantastiques expériences aragonaises.
Me voilà donc dévorant ton FB, le blog, les liens, le making-of, tout ça en 3 jours, non sans un œil sur le guide Espagne, le guide du Camino, les cartes d’étapes… avec pourtant l’envie de ne rien planifier de celles-ci, et rassuré par ces 9 prochains mois de « préparatifs / incubation ». En l’occurrence, préparer l’entourage à ce départ. Mon dernier voyage de 5 semaines était en Inde : gros bénéfice ! Se préparer donc, ne pas chercher …
L’idée sera donc de faire un peu le ménage des doutes, colères, envies inassouvies, temps dilapidé, énergie consumée, par cette saine routine de la marche et du partage. D’ici là, d’autres marches bénéfiques et partagées ponctueront l’année car la région est belle. J’ajoute, pour corroborer tes post « transition perpétuelle » / « éternel insatisfait »… : oui, j’ai atteint pas mal de mes objectifs et malgré tout, ça ne va pas assez bien, ça pourrait être mieux ou plus fluide ou plus serein… et moins culpabilisant (bref, tous les symptômes du pèlerin déjà engagé).
Alors l’écoconstructeur-accompagnateur montagne-père-écrivain à ses heures (que de succès et de responsabilités !) se réjouit non pas de « tout quitter » mais de s’offrir une parenthèse régénératrice « vers son essentiel » – ça fait un moment qu’un copain – aujourd’hui en Mongolie me tanne avec cet impérieux besoin d’y aller (il s’est fait 10 jours de GR78 vers Lourdes avant le confinement). Ca fait aussi de nombreuses années que j’ai pris des « retraites » voyageuses, pour ne pas attendre celle qui n’adviendra pas (les débats actuels sont relativement enfermant).
Reste à trouver le meilleur média pour t’encombrer de ce long message – bouteille à la mer dans un océan d’histoires et d’émotions partagées.
Une bonne continuation (comme on dit au restaurant)
Gratitude